Sortie ciné : Marvin ou la belle éducation

Publié le 18 Novembre 2017

 

Adaptation

Marvin, petit cousin d'Eddy Bellegueule au cinéma

"Marvin ou la Belle Education" d'Anne Fontaine, qui sort en salles mercredi, s'inspire du livre choc d'Edouard Louis "En finir avec Eddy Bellegueule" sans l'adapter stricto sensu, l'écrivain s'étant détaché d'une histoire qui s'éloignait de son récit de 2014.

 

"Edouard Louis a cédé les droits du livre et m'a laissée faire", raconte Anne Fontaine. "Puis le scénario a été construit avec Pierre Trividic et on a pris beaucoup de liberté, on a inventé son parcours, sa quête initiatrice, les personnages qu'il rencontre et qui vont l'aider à s'émanciper." "Lorsqu'il a lu le scénario, il n'a pas souhaité qu'on dise qu'il s'agit d'une adaptation, du fait que c'était aussi différent".

Pour qui a lu le livre déchirant d'Edouard Louis, la parenté est évidente. Marvin Bijou, l'enfant délicat égaré dans un monde frustre où la virilité est érigée en culte, le petit garçon tétanisé par la violence homophobe de ses camarades de classe, en butte à l'incompréhension et au mépris dans sa famille, est bien le petit cousin de cinéma d'Eddy Bellegueule.

"La grande différence, c'est que j'ai choisi qu'il devienne acteur, qu'il travaille sur son corps, sur ses souvenirs, qu'il travaille de manière physique plutôt qu'être écrivain ou sociologue parce que cinématographiquement parlant c'était beaucoup plus vibrant", explique la réalisatrice.

Le film s'ouvre sur la conclusion heureuse de l'histoire: Marvin est devenu comédien, il va entrer sur scène aux Bouffes du Nord pour un spectacle inspiré de son enfance.

Le film procède par un entrelacs entre le présent et le passé: alternent les scènes où il s'assume comme comédien et homosexuel avec celles de l'enfance dans la maison délabrée des Bijou, entre une mère inconsciente des brimades subies par son fils, un père alcoolique, un frère violent.

La culture qui sauve

Anne Fontaine se défend d'avoir fait un film misérabiliste. "Je voulais faire un film tonique avec de l'énergie, de la vitalité, que le montage alterné provoque quelque chose qui va vers l'avant", dit-elle.

Elle a transposé l'action dans les Vosges (Eddy Bellegueule grandit en Picardie) pour la beauté des paysages et parce que "presque tous les films qui traitent de la misère sociale se déroulent dans le Nord".

Marvin, incarné par le jeune Jules Poirier, puis par Finnegan Oldfield, va s'extraire de son milieu social grâce à des rencontres, avec la principale de son collège d'abord (Catherine Mouchet) puis avec un professeur du conservatoire, incarné par Vincent Macaigne.

Transposer à l'écran le récit d'Edouard Louis est un pari osé, tant les relations humaines y sont violentes. La réalisatrice a volontairement écarté les scènes les plus crues et multiplié les "bonnes fées" autour de son personnage.

Isabelle Huppert apparaît ainsi dans son propre rôle pour parrainer les débuts du jeune comédien. Anne Fontaine, elle aussi, a eu son mentor: Robert Hossein, qui la fait jouer Esmeralda dans "Notre-Dame de Paris" à 20 ans.

"Marvin" doit beaucoup aux acteurs, notamment Grégory Gadebois et Catherine Salée, qui donnent une humanité bouleversante aux personnages du père et de la mère.

"Il y a dans mon film quelque chose de l'ordre de la lumière. Je trouve que donner du courage aux gens, et penser qu'on peut inventer sa vie, faire une force de sa différence, c'est aujourd'hui extrêmement important, au moment où on a beaucoup de mal à sortir de sa classe sociale", souligne Anne Fontaine.

Surtout, la réalisatrice défend le fait que "l'art et la culture sont salvateurs: c'est la culture qui permet de ne pas être homophobe, de ne pas être raciste".

(Source AFP)

Rédigé par Michael

Publié dans #sorties cinéma, #cinéma gay

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