La représentation lesbienne dans les séries française

Publié le 3 Juillet 2008

LA REPRÉSENTATION LESBIENNE

DANS LES SÉRIES TÉLÉVISÉES


 

3. Et la France dans tout ça ?


 

Une chronique d'Isabelle B. Price, d'Univers-L
 


Et la France dans tout cela, me direz-vous ? La France… Et bien, elle est trop occupée à se moquer du puritanisme américain et de la censure omniprésente outre-atlantique pour oser ne serait-ce que créer une série nouvelle au concept innovant. Chez nous les séries se nomment P.J., Avocats et Associés, Léa Parker, Sous le Soleil et l’idée même d’un personnage lesbien récurrent n’est pas envisageable. La représentation homosexuelle sur le petit écran passe en France par la diffusion de séries étrangères. À ce titre, The L-Word et Queer As Folk font les beaux jours de Canal +.




 

La France n’ose pas aborder l’homosexualité de manière régulière. Elle préfère traiter ce sujet durant 90 minutes, la durée moyenne d’un téléfilm. Et des téléfilms intéressants, nous en produisons. À ce titre, Un Amour de Femme diffusé sur M6 en 2001 a séduit le public français et étranger. Jeanne (Hélène Fillières) est une femme mariée et mère d’un petit garçon qui rencontre un jour Marie (Raffaëla Anderson), une danseuse, dont elle tombe amoureuse. Confrontée à un choix, elle privilégie l’amour aux apparences.



Produit la même année, Clara cet été-là est un téléfilm destiné aux adolescents. Centré sur la vie de Clara (Selma Brook), il nous fait découvrir son questionnement sur sa sexualité durant un été, dans un camp de vacances. Clara cherche à savoir qui elle est et qui elle aime, couche avec un garçon avant de succomber au charme de Sonia (Salomé Stevenin), une lesbienne sûre d’elle et indépendante.

 


 

Deux autres téléfilms plus revendicateurs et ancrés dans la société actuelle abordent la question de l’homoparentalité. Des Parents pas comme les autres, diffusé en 2002 sur M6 (encore elle), présente la vie d’Olympe, une adolescente amoureuse d’un garçon. Un début simple et connu, malheureusement compliqué par l’histoire familiale complexe et non assumée des parents de la jeune fille. Enfant d’un gay fier et d’une lesbienne honteuse, Olympe (Louise Monot) fait tout pour briser la loi du silence qui règne dans sa famille.

Dans la même veine, Tous les papas ne font pas pipi debout aborde la question de l’homoparentalité. Sorti quelques années plus tôt, en 1998 sur France 2, ce téléfilm présente un couple de femmes qui s’aiment, Dan (Natacha Lindinger) et Zoé (Carole Richert). Elles élèvent ensemble leur fils, Simon (Corentin Mardaga), porté par Zoé. Mais du haut de ses dix ans le jeune garçon cherche à connaître ses origines et souhaite rencontrer ce père qui lui manque tant. Avec pudeur et sensibilité, Tous les papas ne font pas pipi debout offre le portrait touchant de deux femmes amoureuses perdues parce que l’enfant qu’elles ont désiré plus que tout les rejette. Une histoire forte et bouleversante.


En février 2007, France 2 (l’autre chaîne adepte des téléfilms gays) diffusait le très beau téléfilm La Surprise. Marion (Mireille Perrier), une femme de quarante ans qui s’ennuie auprès de son mari, décide un jour de divorcer. Après cette séparation que sa fille ne comprend pas,  elle rencontre une jeune femme dont elle tombe amoureuse. Succès critique et publique, cette très belle histoire d’amour remporte le prix du Public au Festival de Luchon en 2006.

  C’est ainsi que depuis quelques années, depuis le début des années 2000 seulement, se mettent en place des personnages lesbiens secondaires dans des téléfilms connus et plébiscités.

 

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Lieutenant Charlotte Marszewski (Alice Béat)

 

La série-téléfilm Commissaire Moulin est la première à avoir pris le risque en faisant du lieutenant Charlotte Marszewski (Alice Béat), l’une des collègues de Moulin (Yves Rénier), une lesbienne.  

http://tv.numericable.fr/ImCon/Arti/23201/1504060903.JPGCécile Perrier (Vanessa Guedj)


Il en est de même pour Cécile Perrier (Vanessa Guedj) baptisée Bimbo dans la série Diane, Femme Flic. Elle est lesbienne, tous ses collègues sont au courant.  

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Lauren Valmont (Isabelle Renauld)

 

Brigade spéciale, un autre téléfilm « feuilletonesque » a bien tenté de proposer un personnage principal homosexuel en la personne de Lauren Valmont (Isabelle Renauld). Commandant de la Brigade spéciale et profileur, Lauren est lesbienne et se contente de le confier naturellement à sa collègue Claire (Delphine Rollin) durant l’épisode « Enfance Volée ». 


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Seulement, le succès des séries américaines dès la fin des années 90 et le génie de leurs auteurs ont rapidement amené les chaînes à diffuser ces programmes et à les copier. P.J. n’est qu’une vulgaire copie de NYPD Blue. Son couple lesbien présent dans quelques épisodes sera inintéressant au possible et bourré de clichés.

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Plus belle la vie, basée sur les soap opéras américains, a certes proposé un, puis deux couples gays stables à travers Thomas Lenoir (Laurent Kerusore) et le policier Nicolas Barrel (Nicolas Herman) son amant tué en février 2007 remplacé ensuite par le juge Florian Estève (Franck Borde) mais également une lesbienne folle, Christelle Le Bihac (Valentine Carrette puis Juliette Wiatr). Nièce de Charlotte (Hélène Médigue), l’une des héroïnes, cette adolescente de 17 ans sera internée en hôpital psychiatrique après avoir poursuivi de ses assiduités Luna, une amie de sa tante et l’avoir harcelée. En 2006, un nouveau couple de méchants apparaît, il s’agit de Gabriel Mercoeur (Didier Menin) et de sa femme Karine (Nathalie Grandhomme).
La surprise viendra de l’arrivée lors de l’épisode 915 du 14 mars 2008 du personnage de Virginie (Virginie Pauc). Cette jeune femme, chef de chantier pistonnée par sa petite amie adjointe à la mairie de Marseille, entre par la grande porte à l’entreprise Phénicie. Elle se lie d’amitié avec Céline qui contre toute attente tombera amoureuse d’elle et décidera d’explorer ses sentiments. Une histoire rafraîchissante, loin des poncifs du genre, qui amène Céline à s’interroger sur les étiquettes et le fait d’être homo ou hétéro.


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Dans un registre similaire, le feuilleton Cinq Sœurs sur France 2 a tenté d’introduire une romance lesbienne. Diffusé à 18h15 du lundi au vendredi pour concurrencer Plus belle la vie, ce feuilleton est centré sur la famille Matéi. Autour du père veuf, évoluent cinq filles et bientôt un garçon. Alors que le meilleur ami d’Elise (Charlotte Becquin) est ouvertement gay et ne cache pas qu’il vit avec un homme qu’il aime, que le frère de Laurent (Denis Cherer), le mari de Bénédicte (Théa Boswell) est un transsexuel, la plus jeune sœur, Emmanuelle (Julia Cecillon), hésite à être lesbienne.


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Quand au baiser du téléfilm Le Maître du Zodiaque entre Natacha Lindinger et Claire Keim (alias Eva Trammel et Esther Delaître), il laissait deviner à tout connaisseur l’identité du tueur. Dans les téléfilms à suspense français, les méchantes continuent à se trahir en embrassant les héroïnes.

Finalement, en France, nous produisons d’excellents téléfilms abordant le thème de l’homosexualité mais il nous reste encore un long chemin à parcourir pour que nos séries atteignent un jour les niveaux britanniques et américains.


Isabelle B. Price (2008)

source www.lestoilesroses.com

Rédigé par Michael

Publié dans #séries gay

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