Sorties ciné gay juillet 2009

Publié le 16 Juillet 2009

Cinéma : Le roi de l'évasion d'Alain Guiraudie, en salles

Surprenant, drôle, sensuel et fantaisiste, "Le roi de l'évasion" d'Alain Guiraudie, qui sort mercredi en salles après avoir été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, relate les improbables amours entre une adolescente et un homosexuel bien en chair.
Vendeur de matériel agricole dans le Tarn, Armand (Ludovic Berthillot, excellent) sillonne les fermes à la rencontre d'agriculteurs à qui il vend des tracteurs dernier cri, discutant rendement à l'hectare et paiement à crédit.

Si on l'accuse parfois d'user de son charme auprès de vieux célibataires esseulés c'est qu'Armand, cycliste émérite dont le physique de gorille masque mal une douceur infinie, n'a jamais caché son homosexualité épanouie.

Mais à la quarantaine bien tassée, le voilà tenaillé par le désir de troquer la liberté et les conquêtes faciles pour une vie tranquille, voire une famille. C'est alors que Curly, une adolescente délurée - la jeune Hafsia Herzi, César du meilleur espoir féminin 2008 pour "La Graine et le mulet", au jeu intense - s'amourache de lui tout en sachant "qu'il est pédé", après qu'il l'a sauvée d'une bande de voyous.

Bientôt poursuivis par la police ameutée par le père de la lycéenne, Armand et Curly partent en cavale à travers champs, pour vivre cet amour hors normes.

Une histoire originale, des dialogues savoureux d'une crudité souvent hilarante et une foule d'acteurs amateurs aux gueules inoubliables font de ce "Roi de l'évasion" l'une des sorties les plus intéressantes de l'été.

Le film dresse aussi une cartographie inattendue des lieux, plus ou moins clandestins, de drague homosexuelle à la campagne, tels ce bord de route en pleine forêt où se retrouvent cadres, ouvriers ou paysans de tous âges.

Et les barrières avec lesquelles la police prétend condamner le lieu sont l'une des mille vexations, souvent verbales envers les "pédales", découlant d'une homophobie ordinaire que Guiraudie (photo) dénonce en passant, sur le mode de l'humour.

"La répression est douce mais réelle", estime le réalisateur.

"Longtemps, j'ai considéré que l'homosexualité ne me déterminait pas en tant que cinéaste. J'ai montré une homosexualité qui ne posait aucun problème, mais c'était une forme de déni. En fait socialement, ça reste un problème", dit-il.

Picaresque et fantaisiste, "Le Roi de l'évasion" met en scène un groupe d'amis qui pimentent leurs ébats érotiques en croquant des "dourougnes", des racines aux effets aphrodisiaques, qu'un agriculteur fait pousser discrètement.

Sous des dehors hétérosexuels, leurs amours sont plurielles.

"Ca drague à la campagne ! C'est un monde discret, un monde d'hommes qui aiment les hommes sans forcément se sentir appartenir à la communauté homosexuelle", affirme Guiraudie qui signe là son troisième long métrage.


Cinéma : J'ai tué ma mère de Xavier Dolan

"J'ai tué ma mère" de Xavier Dolan est sur les écrans. Le réalisateur se met en scène en fils rebelle dans ce premier film singulier et décapant.
Le Québecquois Xavier Dolan, 19 ans à peine, se met en scène en fils rebelle dans ce premier film singulier et décapant, chaleureusement accueilli en mai, à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes où il était en sélection officielle.

Ecrit en guise de "catharsis" par Dolan qui s'est inspiré de ses relations houleuses avec sa propre mère, ce film met en scène Hubert, un adolescent au visage d'ange doté d'un tempérament artiste et d'un ego démesuré et sa mère Chantale, qui l'élève seule à Montréal.

Face à la multiplication des disputes, de plus en plus violentes, qui émaillent leur quotidien, Chantale songe à envoyer son fils en pension... Porté par l'énergie de Xavier Dolan dont l'interprétation crève l'écran, "J'ai tué ma mère" dépasse le matériau purement autobiographique pour s'enrichir au plan formel d'une vraie démarche de cinéaste.


Brüno, la folle autrichienne, débarque sur les écrans français

Le comique britannique Sacha Baron Cohen traque l'homophobie et le "charité business" en vogue à Hollywood avec "Brüno" sorti en salles mercredi, trois ans après "Borat".
En 2007, "Borat, leçons culturelles sur l'Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan" lui a valu un Golden Globe et l'a propulsé dans le top 100 des personnalités les plus influentes du magazine Times.

Le film a rapporté 260 millions de dollars, quatorze fois son budget, un succès que pourrait surpasser "Brüno". Réalisé par Larry Charles comme "Borat", il a déjà récolté 30,4 M USD en un week-end à sa sortie aux Etats-Unis.

Mais l'Ukraine a décidé de l'interdire pour "atteinte à la morale" au motif qu'il montre "organes génitaux, rapports sexuels et perversions homosexuelles".

Mèche blonde et fort accent teuton, Brüno, qui rêve d'être "l'Autrichien le plus connu après Adolf Hitler" anime "Funkyzeit", le show télévisé "le plus influent et populaire dans tous les pays germaniques... excepté l'Allemagne".

Caricature d'homosexuel à la sexualité débridée, il pimente ses ébats érotiques en usant d'appareils de sa conception avec son amant "pygmée".
Fashion victim, il revêt un prototype de combinaison en velcro pour interviewer couturiers et mannequins - "C'est difficile de mettre la jambe droite devant la gauche ?" - et se retrouve scotché à tout un porte-manteau, sabotant le défilé d'une célèbre marque de prêt-à-porter.

Mais c'est aux Etats-Unis, temple du "politiquement correct", que Brüno comme Borat, trouve la scène digne de ses corrosives facéties.
Décidé à percer dans le show business, il consulte agents, producteurs et conseillers, devient figurant de série télévisée ou présentateur, le temps d'une émission-pilote devant un public-test.

Après bien des échecs, Brüno a soudain une "révélation".
Face à des écrans de TV montrant John Travolta, Tom Cruise et Kevin Spacey, il s'écrie: "Ils sont célèbres parce qu'ils sont hétérosexuels !" dynamitant, l'air de rien, la stratégie marketing d'une industrie cinématographique dont les stars répugnent à se déclarer homosexuels, de peur d'écorner leur image.

La satire se corse lorsque Baron Cohen, dont le film mêle fiction, interviews-piège et tournages sauvages dans des lieux publics, s'en prend à l'une des marottes des stars à Hollywood : le soutien à une "grande cause".
Il y invite ainsi la chanteuse Paula Abdul à décrire ses actions de charité, assise sur une "chaise en Mexicain", c'est-à-dire un homme à quatre pattes.

Sacha Baron Cohen, qui avait piégé La Toya Jackson, a retiré la séquence du film après le décès de son frère Michael, "par égard pour la famille Jackson".

Moins de pitié pour Madonna et Angelina Jolie, qui "ont chacune adopté un bébé noir : pourquoi pas moi" ? rugit Brüno, avant de sortir un chérubin d'un carton dans un aéroport, sous les yeux médusés des passagers.

Mais aussi loin qu'il aille, Brüno est à des années lumières de la bêtise crasse, des préjugés et de la haine bien réels, affichés par ses victimes.
Parmi eux, un "conseiller en hétérosexualité" prêche l'amour de Jésus pour résister à ses penchants, et une mère autorise une liposuccion sur son enfant pour lui faire perdre du poids avant un tournage de film.

Militaires, chasseurs, juifs orthodoxes, militants islamistes, fans de catch (l'une des meilleures scènes) ou ex-candidat à la présidentielle : choqués par "la folle" Brüno, ils dessinent tous les degrés de l'homophobie ordinaire.

source e-llico

Rédigé par Michael

Publié dans #sorties cinéma

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